Robert Mckarty releva la tête pour faire face à son auditoire. Il se racla la gorge et but une gorgée d’eau dans l’espoir de retrouver un semblant de courage. Son auditoire était composé de quelques professeurs émérites qui attendaient le bon moment pour lui rire au nez. L’homme prit une grande inspiration puis il se lança. « Le saint Graal a toujours fasciné l’homme. Il a été la base de nombreuses histoires, seule une d’entre elle possède des fondements historiques. Selon les textes retrouvés il y a peu dans les entrailles des ruines du château de Tintangel, le Roi Arthur et ses chevaliers auraient bel et bien existé. Le Graal semble infiniment lié à la Table et à un chevalier en particulier : Perceval. Ce chevalier serait devenu le propriétaire du Graal, son défenseur. Celui-ci l’aurait alors caché pour éviter qu’il ne tombe pas entre de mauvaises mains. Ce qu’est vraiment le Graal, personne ne le sait. Tout n’est qu’hypothèse. Mon père aimait dire qu’il était si puissant qu’aucun homme sur terre ne pourrait le contrôler. Les chevaliers de la Table Ronde seraient alors devenus ses gardiens et veilleraient encore aujourd’hui sur celui-ci. Ils sont les gardiens d’une vérité dépassant l’entendement humain, vérité qu’ils auraient tort d’ébruiter » Il n’allait pas tarder à enchaîner, mais il fut coupé par la voix grave d’un de ses collègues. « Robert, Robert.. Quand arrêterez-vous de croire à ces foutaises. Faites quelques choses de votre vie au lieu de la passer à chasser une chimère. » Robert déglutit, il récupéra rapidement ses documents et quitta son auditoire sans leur adresser un seul mot. Il était habitué à susciter ce genre de réactions, mais cela ne changeait rien à sa conviction.

Dans le coin de la salle, un homme était assis. Il arborait une bague : deux dragons entrelacés, chacun mordant la queue de l’autre. L’homme soupira avant de se relever. Il n’aimait pas ça. Mckarty avait fouillé trop loin. Son regard se posa alors sur un homme vêtu de noir. Celui-ci s’était engouffré par là même où Mckarty avait disparu quelques minutes plus tôt. Il roula des yeux avant de s’élancer à sa suite. Passer inaperçu était la clé de tout, il ne devait pas se faire voir, il devait être une ombre. Il arriva juste à temps pour sauver Mckarty de l’homme qui s’apprêtait à le poignarder. Avec dextérité, preuve de ses années de service, il brisa la nuque de l’homme en noir avant de poser son regard sur l’historien. « Vous vous êtes engagé sur un chemin bien trop dangereux pour vous Monsieur Mckarty… » dit-il dans un souffle avant de disparaitre dans un des nombreux couloirs qu’offraient l’université. Mckarty n’y croyait pas. Lui qui avait tant cherché l’Ordre des chevaliers, voilà qu’il venait d’en rencontrer un. La bague qu'il portait au doigt ne pouvait mentir, il était un des gardiens, un de ceux qui voue sa vie pour protéger le Graal…